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Analyse

«Le GIA est une création des services de sécurité»

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Témoignage accablant d'un ancien officier algérien, hier, contre le général Nezzar.
publié le 4 juillet 2002 à 0h17

Il faut pouvoir le dire pour la première fois devant une cour de justice, à visage découvert, avec ce calme presque effrayant. «Notre mission était de casser le FIS, l'infiltrer, le disloquer, attribuer des actions violentes aux islamistes. Le GIA est une création des services de sécurité algériens.» Mohamed Samraoui, colonel de la toute-puissante sécurité militaire réfugié en Europe, incarne sans doute ce moment précis, hier, où le procès en diffamation contre Habib Souaïdia a basculé. Oublié les politesses, les subtilités politiques ou la question de savoir si Souaïdia, ex-officier qui dénonce les exactions de l'armée dans son livre la Sale Guerre, a volé ou non une voiture en 1995. L'audience vient d'entrer au coeur des ténèbres du pouvoir algérien. Et tout se déverse en quantité démesurée devant le tribunal : l'argent par milliards de dollars, la violence par centaines de milliers de morts, l'opacité partout. En face, seul, le général Khaled Nezzar qui a déposé la plainte.

Méthode. Benthala d'abord, plus de 400 civils massacrés le 23 septembre 1997 aux portes d'Alger, à proximité de plusieurs casernes. Pas un soldat n'interviendra avant la fin de la tuerie. Pas une arrestation. Pas une enquête. Cela, nul ne le conteste, pas même l'armée. A la barre, Hamid Bouamra, témoin de Nezzar, se présente comme «chauffeur à Benthala». En fait, on apprend qu'il dirige un «groupe de légitime défense», ces civils armés travaillant avec les militaires. Bouamra se lance : «L'armée est int