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Libération

«On a fait de nous une armée de sauvages»

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publié le 6 juillet 2002 à 0h19

Un vieux général contre un jeune lieutenant. Une génération contre une autre. Le procès en diffamation, qui s'achève aujourd'hui à Paris, a pénétré une des citadelles algériennes les plus secrètes : l'armée, son fonctionnement, ses fractures. Pour la première fois à visage découvert, des officiers dissidents réfugiés en Europe, et cités par Habib Souaïdia, sont venus témoigner, comme lui, de la sale guerre. Pour la première fois aussi, un général, Khaled Nezzar, un de ces hommes de l'ombre du régime algérien, est apparu dans la lumière d'une salle d'audience. Ce déballage sur une institution taboue tombe au moment des cérémonies officielles du 40e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, vouées traditionnellement à la gloire militaire.

«Cheptel». Quand témoignent les anciens ministres algériens ou les hauts fonctionnaires, surtout ceux venus le défendre devant la cour, il bâille, oeil mi-clos. Qu'est-ce qu'un général algérien peut attendre de civils, de cette classe politique, sinon de leur servir de paravent ? «Le cheptel», dit-il volontiers. «Pas un de bon», se fâche-t-il à l'audience. Eux qu'il vient de fusiller d'un mot, eux qui s'asseyent chaque matin au premier rang, eux l'applaudissent. Nezzar appartient à cette poignée de généraux qui, depuis l'indépendance et avec la toute-puissante Sécurité militaire, fait et défait les présidents, contrôle la rente pétrolière, coopte les futurs gradés qui assureront la survie du système. «En Algérie, ce n'est pas l'armée qui es