Bogota correspondance
Le communiqué de la guérilla est tombé le 26 juin : les maires colombiens qui ne démissionnent pas «pourront être arrêtés et si nécessaire exécutés». L'annonce, faite par un commandant rebelle local, a confirmé la nouvelle stratégie des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), fortes de 17 000 hommes. Dans les zones qu'ils contrôlent, les guérilleros veulent supprimer par la force tout «représentant de l'Etat bourgeois propriétaire», en commençant par les maires et l'ensemble des élus locaux. L'intimidation a porté ses fruits : depuis les premières menaces personnelles, début juin, près de 70 des 1 097 maires du pays ont présenté leur démission et plus de 180Êont choisi de se réfugier dans les grandes villes.
Démonstrations. Le danger n'est pas nouveau pour les élus colombiens. Soixante maires ont été assassinés pendant les cinq dernières années, que ce soit par les Farc, par l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) et par leurs ennemis d'extrême droite paramilitaires. Mais aucun groupe n'avait encore porté de menace systématique. Les Farc ont longtemps cohabité avec les autorités locales, allant dans certains villages jusqu'à patrouiller en alternance avec la police. «Les maires n'étaient pas une limite à leur pouvoir local», estime le politologue Fernando Giraldo. Mais depuis le 20 février, date de la rupture par le gouvernement de trois ans de dialogue infructueux, les Farc multiplient les démonstrations de force, depuis l