Pourquoi Khaled Nezzar, un général-major considéré il n'y a pas si longtemps comme l'un des «parrains» du régime algérien, intente-t-il un procès en diffamation à Paris, qui s'est achevé vendredi soir, contre un sous-lieutenant, Habib Souaïdia, auteur d'un livre à succès dénonçant les exactions de l'armée pendant la «sale guerre» ? Il est difficile, au vu des quotidiens algériens francophones, de comprendre pourquoi ce général a pris le risque de provoquer un débat sur les responsabilités dans ce conflit, la pratique systématique de la torture et les manipulations des groupes islamistes armés par les services de sécurité.
Critiques. L'embarras des uns qui, à l'instar du Quotidien d'Oran, du Matin et de la Tribune, dénoncent Souaïdia sans défendre Nezzar, et les critiques sévères de Liberté et d'El Watan contre ce général semblent indiquer que ce dernier est d'ores et déjà tenu pour responsable d'audiences qui se sont transformées en procès du régime. La plupart des quotidiens publient ainsi des récits qui, pour tronquer les propos des témoins en faveur de Souaïdia, font néanmoins preuve de prudence. Signe qui ne trompe pas : le commentaire du Matin n'a pas été repris, qui présentait le président du tribunal comme «partial dès l'ouverture du procès».
Les principaux quotidiens francophones, qui ont soutenu le refus d'Alger d'accepter une «commission d'enquête internationale» sur les massacres au nom de la «souveraineté nationale», ont surtout compris que cet argument pèsera peu,