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Libération

Mariages de déraison en Inde

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publié le 9 juillet 2002 à 0h21

Raipur de notre envoyé spécial

Sur les murs en terre de la petite ferme familiale, les graffitis témoignent encore de l'heureux événement qui s'est déroulé ici le 21 avril. Ce jour-là, c'était Ramnavami, un festival hindou commémorant la naissance du dieu Rama. Comme des milliers de ses coreligionnaires, Netra Lal a profité de cette date de bon augure pour accomplir son devoir de père : il a marié ses enfants. Cinq fils, tous mariés au cours d'une même cérémonie. «Je suis pauvre, alors j'ai marié les cinq d'un coup, ça revient beaucoup moins cher», explique le paysan en souriant. Seul hic : ses enfants sont tous mineurs, âgés de... 4 à 14 ans. Leurs «fem mes», issues de villages environnants, sont encore plus jeunes. Taghia, l'épouse du petit dernier, Ramgopal, n'a que 3 ans.

Cramponné aux jupons de sa mère, le gamin ne comprend pas pourquoi il fait l'objet de tant d'attention. Oui, il se souvient de la cérémonie. Non, il ne connaît pas le nom de sa femme. Comme tous ses frères, d'ailleurs. «Comment voulez-vous qu'ils s'en souviennent ?, s'énerve leur grand-mère, ils ne les ont rencontrées qu'une fois, lors du mariage, et ne les reverront pas avant qu'elles viennent emménager ici, dans plusieurs années.» Personne, dans la famille, ne comprend l'étonnement que suscitent ces mariages précoces. «Chez nous, on a toujours fait ça, explique Netra Lal. Moi-même, j'étais encore plus jeune que Ramgopal quand je me suis marié.» Et de préciser que sa fille, Prabhabati, âgée de 8 ans, est