à Istanbul
Jour après jour, la Turquie s'englue toujours un peu plus dans un psychodrame politique sans précédent, et les Européens ne cachent plus leur préoccupation face à ce que la Commission européenne a vendredi défini pudiquement comme «une situation sérieuse». Les termes de l'équation de la crise turque sont clairs. D'un côté, il y a Bülent Ecevit, 77 ans, vieux leader charismatique de la gauche nationaliste turque et Premier ministre depuis avril 1999 à la tête d'une hétéroclite coalition gauche-droite. Désormais gravement malade, il est toujours plus isolé. Mais il s'accroche à son fauteuil, malgré les appels de la majorité de la classe politique comme des milieux d'affaires, malgré la défection d'un tiers des députés de son parti et le départ en moins d'une semaine de sept de ses ministres, dont le très moderniste et européen Ismaïl Cem, titulaire des Affaires étrangères, qui a démissionné jeudi. Il a été remplacé par Sukru Sina Gurel, réputé être eurosceptique.
Réformes clés. La paralysie de l'exécutif, tout juste capable depuis deux mois d'expédier les affaires courantes, apparaît d'autant plus inquiétante que le pays reste plongé dans une grave crise économique et financière. En outre, Ankara doit impérativement adopter avant le sommet européen de Copenhague en décembre un certain nombre de réformes clés, dont l'abolition formelle de la peine de mort et la libéralisation de l'utilisation de la langue kurde dans les médias et l'éducation. Cela permettrait à la Turq