Dans un climat de mécontentement général, où les réformes tant espérées depuis la réélection l'an dernier de Mohammad Khatami se font toujours plus lointaines, un religieux de haut rang vient de provoquer une grave crise politique en démissionnant avec fracas de ses fonctions. Proche du président réformateur, l'ayatollah Jalaleddine Tahéri, 76 ans, a justifié sa démission du poste d'imam de la prière d'Ispahan ce qui fait de lui le principal dignitaire religieux de cette grande ville en affirmant «ne plus pouvoir tolérer le chaos» et la «corruption généralisée à tous les niveaux» du pouvoir. Dans une lettre ouverte publiée mardi, il dénonce pêle-mêle «le chômage, l'inflation, la hausse quotidienne des prix, l'écart diabolique entre les pauvres et les riches, l'économie malade et la bureaucratie corrompue, les pots-de-vin, l'escroquerie, l'expansion de la consommation de drogue, l'incompétence des autorités et la défaillance de la structure politique» du pouvoir. Une lettre d'une telle violence est sans précédent, d'autant que l'auteur s'en prend à la personne du Guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, dont la moindre critique à son encontre peut mener en prison. Le religieux accuse aussi l'emprise croissante du clergé et du courant conservateur sur toutes les institutions du régime : «Tout cela menace l'existence même de notre pays et de notre peuple.»
Appui. Mercredi soir, 125 des 290 députés du Parlement ont apporté leur soutien au religieux frondeur tout en