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Libération

Ramallah, ville d'ombres

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Depuis un mois, les habitants vivent sous un couvre-feu total.
publié le 17 juillet 2002 à 0h26

Ramallah (Cisjordanie)

envoyé spécial

Rien que du silence. En pleine journée, pas un bruit de moteur, pas un cri d'enfant, pas une rumeur d'atelier. Pas un rire, pas un chant qui s'échappe d'une fenêtre. Pas même le claquement d'un pas sur un trottoir du centre-ville. A peine quelques pépiements d'oiseaux. Ramallah ressemble à ces villes que l'on reconstitue pour le tournage d'un film et que l'on abandonne après. Les très rares voitures que l'on y croise sont des ambulances palestiniennes, seuls véhicules autorisés par l'administration militaire israélienne. Comme il n'y a aucune circulation, elles roulent sans sirène. Hormis les rares moments où la population peut sortir ­ quelques heures tous les deux ou trois jours ­ pour permettre le ravitailler, toute la ville vit sous un couvre-feu total depuis le 19 juin. Celui-ci, sous le nom de «Voie ferme», avait été décidé au lendemain d'un attentat-suicide perpétré à Jérusalem qui avait fait 19 morts israéliens. Les sept principales villes de Cisjordanie vivent sous le même régime. Seul Jéricho a été épargné.

Pas un être vivant. La ville est à ce point morte que les quatre grands lions de pierre, en chasse sur la place principale de la ville, ont l'air presque vivants. Autour des fauves statufiés et dans les rues de ce qui fut un quartier commerçant très animé, s'étalent des monceaux de détritus, de larges poubelles renversées et des carcasses de voitures brûlées. Mais pas un être vivant de l'aube au crépuscule. Ou alors une ombre r