Il y a vingt ans, au Festival d'Avignon, l'Aida (Association internationale de défense des artistes) organisait «Une nuit pour Havel», dramaturge dissident tchécoslovaque alors emprisonné dans son pays. Pour l'occasion, y fut lu un nouveau dramaticule, «Catastrophe», dédié à Havel par Beckett. Hier, lors d'une soirée anniversaire de cette nuit mémorable, Vaclav Havel, aujourd'hui «auteur et président» de la République tchèque, devait lire un discours dans un jardin du palais des Papes, et dans le cadre de «Bohemia Magica», la saison tchèque en France qui se poursuivra jusqu'à la fin de l'année. Mais son état de santé fragile l'a contraint à retourner dans la nuit à Prague, où il a été hospitalisé, souffrant d'une pneumonie. Voici la version intégrale de ce discours.
Mesdames et messieurs,
Je garde un vif souvenir de la joie que j'ai éprouvée dans ma prison, il y a vingt ans, en apprenant tout d'abord la mise en scène de notre procès, où le rôle de nous autres accusés fut confié à d'aussi remarquables acteurs qu'Yves Montand ou Simone Signoret et, plus tard, en apprenant que nombre d'artistes ont manifesté leur solidarité avec moi, avec nous, et, en fin de compte, de la nuit que le célèbre Festival d'Avignon a dédié à ma personne. J'ai eu du mal à en croire mes oreilles lorsqu'on me fit savoir que des textes d'auteurs tels que Samuel Beckett et Arthur Miller étaient descendus de l'Olympe des dramaturges d'alors dans ce palais (le palais des Papes, ndlr). Mais ce que je ressenta