La scène, à la tombée de la nuit, avait quelque chose de surréaliste. Alors que les derniers légionnaires espagnols s'apprêtaient, samedi vers 19 heures, à quitter un bout de terre désertique, une fumée verdâtre s'est élevée au-dessus de l'îlot qui a mené au bord de l'affrontement deux des meilleurs alliés des Etats-Unis en Méditerranée. Soucieux que nulle caméra ne fixe pour l'éternité ce qui risquait d'apparaître comme une «retraite», les Espagnols venaient d'inonder de fumigènes leurs deux drapeaux hissés trois jours plus tôt sur cet îlot désormais fameux, Leila-Persil...
Riposte brouillonne. Après dix jours d'empoignade, Madrid et Rabat venaient de trouver un accord à la phase militaire de la crise déclenchée le 11 juillet par l'installation d'une douzaine de gendarmes marocains sur ce rocher situé à 160 mètres des côtes du Maroc. Ce bivouac faisait certes suite à quinze mois de relations très dégradées entre les deux pays. Mais il constituait sans doute aussi une riposte quelque peu brouillonne du Maroc à une gesticulation militaire d'envergure de la marine espagnole, fin juin, au large des côtes d'Al-Hoceima, dans les eaux territoriales marocaines. L'incident avait d'ailleurs fait l'objet, le 6 juillet, d'une protestation officielle de Rabat. «Mouvements militaires de routine», s'étaient bornés à répondre les Espagnols.
La solution (laborieusement) annoncée samedi a un nom : retour à la case départ, c'est-à-dire au statu quo ante au terme duquel «l'île aux chèvres» doit