Rovira envoyé spécial
Le maire ne dort plus dans son village. Depuis l'ultimatum de la guérilla, Ruben Andrade ne se rend qu'une fois par semaine à Rovira, 12 000Êâmes au milieu des Andes colombiennes. Il y a quinze jours, des combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) l'ont convoqué dans une ferme isolée. Après cinq heures d'attente, ils lui ont donné un ordre : démissionnez. «Ils m'ont dit qu'ils n'avaient rien contre moi, mais que la consigne était la même dans tout le pays», raconte l'élu.
Ruben Andrade fait partie des quelque 500 maires qui ont reçu en juin des menaces directes des 17 000Êguérilleros des Farc. Dans un communiqué, les rebelles exigent «la démission de tous les élus municipaux et départementaux». Le gouvernement ayant rompu les pourparlers avec la guérilla en février, «les Farc déclarent sur leur radio clandestine qu'ils veulent déstabiliser l'Etat pour obliger à de nouvelles négociations», explique un habitant de Rovira.
Impuissance de la police. La guérilla a déjà enlevé plusieurs maires récalcitrants, et l'assassinat par des inconnus de l'épouse d'un conseiller municipal, dans le sud du pays, a achevé de semer la peur parmi les élus. «Mes parents et mes frères sont paysans dans la zone rurale, lâche Andrade en montrant les montagnes qui surplombent Rovira, à 250 kilomètres à l'ouest de Bogota. Depuis, je crains pour ma vie, mais aussi pour la leur.» Plus de 230 des 1 097 maires colombiens ont déjà démissionné, et le chiff