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Libération
Enquête

Au fil de la guerre sur le fleuve Congo

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Pour la première fois depuis quatre ans, une barge chargée de médicaments et de nourriture a relié les deux grandes villes de cet immense pays, meurtri et saigné par les occupants rwandais et angolais. Images de rives oubliées.
publié le 23 juillet 2002 à 0h28

Au bout de la nuit congolaise, il y a Kisangani. Dans Au coeur des ténèbres, Joseph Conrad ne mentionne pas cette ville, pas plus qu'aucun autre lieu d'ailleurs, mais sa localisation, à la courbe du fleuve (Congo), en fait le théâtre crédible des sinistres exploits du terrible M. Kurtz. Aujourd'hui, Kisangani, troisième ville de la République démocratique du Congo, est le symbole d'un pays martyr, occupé, pillé, saigné dans l'indifférence du monde.

Il y a bientôt quatre ans, des rebelles hostiles à Laurent-Désiré Kabila s'emparaient en quelques semaines de l'est du Congo-Kinshasa, contrôlant la moitié d'un pays grand comme l'Europe. Un succès fulgurant du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) impossible sans l'appui militaire et financier de deux puissants parrains régionaux : respectivement, le Rwanda de Paul Kagame et l'Ouganda de Yoweri Museveni, ceux-là mêmes qui, deux ans plus tôt, avaient lancé Kabila à la conquête du régime de Mobutu.

1700 kilomètres. Les rebelles et leurs alliés régionaux se replient sur leurs positions. Le pays est divisé en trois grandes zones : au nord et au nord-est, le MLC et l'Ouganda ; à l'est et au sud-est, le RCD et le Rwanda ; à l'ouest et au sud, le gouvernement de Kinshasa et ses alliés. Kisangani, convoité pour son or et ses diamants, est partagé entre Ougandais et Rwandais. Jusqu'à juin 2000 où les soldats rwandais expulsent leurs «alliés» ougandais au terme de la «guerre des si