São Paulo
de notre correspondante
Dans sa clinique de São Paulo, le Dr Juarez Avelar, un chirurgien plastique réputé, voit affluer des patients d'un genre nouveau : huit victimes d'enlèvements, mutilées par leurs ravisseurs. Comme cette avocate dont les ravisseurs ont tranché les deux lobes de l'oreille au couteau pour forcer ses proches à payer la rançon. «Ils lui ont d'abord coupé le premier lobe et l'ont envoyé à sa famille», raconte le médecin. «Celle-ci ayant refusé de payer, ils ont demandé à la victime de "choisir" entre son autre lobe, l'oreille tout entière ou un doigt. Elle a opté pour la première proposition.» Et de déplorer : «Même quand il ne reste plus de traces de la mutilation, la victime reste hantée pour longtemps par le drame de la captivité.»
Le Dr Avelar pourrait bien voir augmenter cette clientèle atypique. Car l'enlèvement contre rançon progresse au Brésil. L'Etat de São Paulo, le plus riche du pays, est le plus touché. En 2001, on y comptait 307 enlèvements, contre 63 en 2000 et 19 en 1999 (sur une population de 37 millions d'habitants). Au cours des six premiers mois de l'année, 199 cas y ont été enregistrés : plus du double que l'an dernier à la même période. Ce ne sont là que les cas connus. Parfois, la police n'est pas alertée car les ravisseurs menacent de liquider leur victime.
A pied ou en bus. «L'enlèvement connaît une démocratisation perverse, note le sociologue Luiz Antonio de Souza. Désormais, n'importe qui peut en être victime.» Bien sûr, les