La Haye envoyé spécial
D'emblée, Slobodan Milosevic commence à le tutoyer, l'appelant comme avant Radomir, lui parlant sur un ton paternel quelque peu autoritaire. Comme avant, quand il était son homme lige à la tête de la sécurité d'Etat, Radomir Markovic l'ancien patron de la police politique entre 1998 et 2000 le vouvoie, répondant avec déférence aux questions du contre-interrogatoire. Le principal témoin «initié» c'est-à-dire à même de décrire de l'intérieur les rouages du système a vendredi en bonne partie démenti les thèses de l'accusation.
Vulnérable. Un coup de théâtre a ainsi marqué la dernière audience avant la pause du procès de l'ancien président yougoslave jugé depuis le 12 février, devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, pour 66 chefs d'inculpations dont crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide pour la Bosnie. Emprisonné à Belgrade et accusé de plusieurs meurtres d'opposants, Radomir Markovic sait qu'il est vulnérable. La veille, il avait longuement évoqué le rôle de Milosevic dans la chaîne de commandement. Vendredi, il a fait volte-face.
L'un des principaux enjeux de son témoignage était de faire la preuve d'une «opération nettoyage» décidée par Slobodan Milosevic en mars 1999 afin d'enterrer en Serbie les corps de civils albanais tués dans les opérations au Kosovo. Dans une déposition faite en juin 2001 aux nouvelles autorités serbes, six mois après son arrestation, Markovic assurait que l'homme fort de Belgrade avait per