Pretoria envoyé spécial
Les présidents ont la mine grave. Le Congolais Joseph Kabila et le Rwandais Paul Kagame évitent soigneusement de se regarder. Pourtant, les deux ennemis de toujours viennent de signer un accord de paix qui devrait mettre fin à une guerre régionale de quatre ans, conflit fratricide qui a déchiré la République démocratique du Congo, déstabilisé toute l'Afrique centrale et fait 3 millions de victimes. Seul le président sud-africain Thabo M'beki affiche un sourire ravi. Il n'a pas ménagé ses efforts pour obtenir ce paraphe, et la cérémonie, organisée hier à Pretoria, couronne un peu la victoire de sa diplomatie, un premier succès depuis sa nomination à la tête de l'Union africaine, l'ex-OUA. Forçant sa jovialité, il se tourne vers ses invités. Finalement, Paul Kagame tend le bras. Poignée de main brève. Le coeur n'y est pas.
Difficultés d'application. «Le sang ne doit plus couler en Afrique», concède sobrement Joseph Kabila. Pour l'heure, l'accord ne prévoit qu'un cessez-le-feu à compter de sa signature. Un compromis qui avait été annoncé le 22 juillet après cinq jours de négociations sous la médiation de Jacob Zuma, vice-président de l'Afrique du Sud. Avant sa signature, les commentateurs et analystes politiques modéraient l'optimisme affiché officiellement, soulignant les difficultés de l'application de cet accord qui prévoit un calendrier de quatre-vingt-dix jours pour désarmer puis regrouper au Congo tous les extrémistes hutus rwandais, miliciens «Inter