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Libération

Des strings et pas de mâles sur une plage de Beyrouth

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Sur l'esplanade réservée aux «dames», des Libanaises trouvent un espace de liberté où se dévoiler. Pudeur religieuse ou esthétique oblige.
publié le 3 août 2002 à 0h34

Beyrouth

de notre correspondante

«Plage Ajram pour dames», une petite enseigne bleu et jaune, située sur la route côtière de Beyrouth, indique l'entrée d'une plage réservée aux femmes. Pour y accéder, il faut longer un corridor qui mène au guichet, tenu par un homme, Ahmed Kassem, propriétaire et gérant du lieu. Une employée conduit ensuite la cliente dans une antichambre qui marque la limite à partir de laquelle aucun homme n'est admis. Sur une esplanade de béton délabrée, au bord de la mer, des femmes bronzent tranquillement sous le soleil radieux de juillet, étendues sur des chaises longues. Derrière cette «plage», sans sable, subsiste un vestige de la guerre, une bicoque vide de deux étages, criblée de balles.

Bouche à oreille. De grandes bâches protègent le lieu des regards indiscrets de la rue. Et, pour les clientes plus méfiantes, une cour bien cachée a été aménagée près d'une petite piscine. Joumana, 29 ans et Rola, 31 ans, sont des habituées de la plage Ajram. Vêtue d'un string noir, le soutien-gorge dégrafé, Joumana vérifie, à l'aide d'un miroir, que son dos bronze de manière uniforme. «Je viens ici pour des raisons religieuses. Après tout, nous sommes des musulmanes pratiquantes, nous ne pouvons pas aller sur des plages mixtes.» Avant de se fiancer, Joumana était voilée et ne pouvait donc révéler aucune partie de son corps. Sur un bord de mer mixte, elle était obligée de se baigner tout habillée et même d'ajouter une couche de vêtements pour éviter la transparence. L