C'est un tournant dans la longue marche turque vers l'Europe. Bruxelles salue «une avancée significative» (lire ci-dessous) et la plupart des éditorialistes turcs évoquent «un vote historique». «La Turquie a répondu à tous les critères politiques requis par l'UE avec la série de réformes qu'elle va mettre en application», soulignait hier, satisfait, le Premier ministre, Bülent Ecevit (gauche nationaliste). Après vingt-deux heures de débats souvent houleux, le Parlement a finalement voté samedi à l'aube, à une large majorité et à main levée, les réformes cruciales notamment l'abolition de la peine de mort et l'octroi de droits culturels aux Kurdes exigées par les Quinze. Ces derniers devraient fixer une date pour l'ouverture formelle des négociations d'adhésion avec Ankara lors du sommet de Copenhague, en décembre. Devant l'entrée de la Grande Assemblée nationale, austère bâtisse de style néo-hittite au coeur d'Ankara, un groupe de militants proeuropéens avait apposé une horloge digitale scandant jours, heures et minutes du compte à rebours avant cette réunion décisive pour le destin du pays.
Démocratiser. Seule mais très imparfaite démocratie laïque du monde arabo-musulman et pilier de l'Otan au sud-est de l'Europe, la Turquie reste à la charnière de deux mondes. Commencé dès les années 60, le lent chemin d'Ankara vers la CEE puis vers l'UE est désormais arrivé à un moment crucial. Associée aux Quinze par un traité d'union douanière depuis janvier 1996, pleinement reconnu