Washington
de notre correspondant
Les Saoudiens sont-ils les ennemis de l'Amérique ? Malgré soixante ans d'une alliance indéfectible entre les deux pays, la question a été très sérieusement débattue le 10 juillet dernier au sein du Defense Policy Board, le groupe d'experts militaires et diplomatiques qui conseille les stratèges du Pentagone. C'est un analyste français, Laurent Murawiec (1), chercheur au prestigieux centre de recherches stratégiques Rand Corporation, qui a porté l'accusation. Dans une présentation accompagnée de diapos, dont la teneur a été dévoilée hier par le Washington Post, il a proposé de menacer les Saoudiens de frapper leurs champs de pétrole et de geler les actifs qu'ils possèdent aux Etats-Unis s'ils ne cessent de soutenir le terrorisme.
«Les Saoudiens sont actifs à chaque niveau de la chaîne de la terreur, des planificateurs aux financiers, des cadres aux fantassins, des idéologues aux activistes», a-t-il constaté, en estimant que l'Arabie Saoudite est le «noyau du mal, le premier moteur, le principal opposant des Etats-Unis au Moyen-Orient». Au cours de la discussion qui a suivi, ajoute le Post, l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger se serait élevé contre cette présentation. Mais l'idée selon laquelle le royaume de Saoud est le principal foyer du terrorisme est en vogue dans le cercle des «faucons» de l'administration américaine, très présents dans l'entourage de Dick Cheney (vice-président) et Donald Rumsfeld (secrétaire à la Défense). Ce dernie