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Libération

Chine-Tibet : à chacun son panchen-lama

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Pékin intensifie sa prise de contrôle du bouddhisme tibétain.
publié le 9 août 2002 à 0h37

Pékin de notre correspondant

La photo s'étale à la une de la presse officielle chinoise : le Premier ministre, Zhu Rongji, tout sourire, reçoit un khata, l'étoffe de soie blanche rituelle des Tibétains, des mains d'un jeune garçon de 13 ans, lui aussi souriant, vêtu de l'habit rouge des moines bouddhistes. L'article explique que le chef du gouvernement accueille le «XIe panchen-lama» ­ deuxième dignitaire dans la hiérarchie du bouddhisme tibétain, après le dalaï-lama. Il le félicite pour les progrès de ses études religieuses et «le respect et l'amour croissants» qu'il a su gagner au sein du peuple tibétain.

Cette audience en apparence banale, ce 31 juillet, constitue un nouvel épisode d'une des luttes feutrées les plus étranges qui soient, dans laquelle un pouvoir communiste, donc athée, se met à décider des réincarnations bouddhistes... Une opération politiquement délicate, dont l'enjeu est, ni plus ni moins, le contrôle futur du Tibet et de sa religion dominante. Après avoir subi un revers il y a deux ans, avec la fuite en Inde du jeune karmapa-lama, autre dignitaire bouddhiste, la Chine veut aujourd'hui gagner la «guerre des panchen-lamas» (mot à mot, grand savant, ndlr). Pékin tente d'imposer aux Tibétains et au monde l'adolescent de son choix, Gyaincain Norbou, dans le but de peser sur la succession de l'actuel dalaï-lama, le chef spirituel des Tibétains, exilé en Inde depuis quarante-trois ans. Ces derniers mois, les Chinois ont multiplié les sorties de «leur» panchen-la