Bogota de notre correspondant
Au lendemain de la série d'attentats qui a ensanglanté Bogota pendant la cérémonie d'investiture d'Alvaro Uribe, faisant au moins dix-neuf morts et vingt-six blessés (selon la police), la seule déclaration connue du nouveau chef de l'Etat colombien aura été un laconique «quelle affaire», susurré à la fin de son discours de prise de fonctions. Mais, dès le lendemain, Alvaro Uribe a créé les premiers réseaux d'informateurs, des civils dotés de radios pour servir d'auxiliaires aux forces de l'ordre pour mieux lutter contre la guérilla. Hier encore, le procureur général du nouveau gouvernement a demandé l'adoption d'une législation de guerre. L'idée, souvent évoquée par le nouveau ministre de l'Intérieur et de la Justice, pourrait encore étendre les attributions de l'armée, déjà accusée d'atteintes aux droits de l'homme.
Roquettes. Une heure avant l'investiture du Président, les explosions avaient retenti au moment même où il entrait dans le Parlement. «Nous avons cru à des coups de canon protocolaires», a expliqué un congressiste présent. Plusieurs roquettes venaient de s'abattre sur la Maison présidentielle toute proche, blessant quatre personnes. Quelques minutes plus tard, alors qu'Alvaro Uribe était solennellement investi devant 600 invités, un autre projectile tuait au moins quinze habitants d'un bidonville, à 800 mètres à peine du Parlement. «J'ai entendu le sifflement, je me suis jeté par terre et tout a explosé», raconte un témoin. Une derniè