Ce n'est pas encore la fin, mais ça y ressemble de plus en plus. Les fermiers blancs du Zimbabwe s'apprêtent, d'un moment à l'autre, à plier bagage et à quitter leurs exploitations, voire le pays. Le délai avant l'expropriation qui concerne 2 900 des 4 500 exploitants blancs du pays est en effet arrivé à expiration jeudi à minuit. Depuis, l'attente est devenue insoutenable.
«Cas par cas». Certains ont déjà craqué et quitté leur terre avec des camions chargés de mobilier et d'effets personnels plutôt que d'attendre une intervention de la police ou, pis, des fameux War Vets, ces milices d'anciens combattants souvent autoproclamés de la guerre d'indépendance, à la solde du pouvoir. En deux ans, depuis le début de la campagne d'expropriations forcées, lancée par le président Robert Mugabe, une dizaine de fermiers blancs et plus de 50 ouvriers agricoles travaillant pour leur compte ont été tués. «Nous sommes extrêmement nerveux même si, pour le moment, tout est absolument calme», expliquait vendredi Jenni Williams, porte-parole d'une association de fermiers, jointe au téléphone à Harare. «Chaque famille décide au cas par cas, selon la région où elle se trouve. Certains ont quitté leur ferme, mais la majorité a décidé de rester sur place. Beaucoup de fermiers ont envoyé leur femme et leurs enfants pour quelques jours à Harare, dans la capitale, le temps de voir comment les choses tournent.» Jenni Williams représente Justice pour l'agriculture (JAG), une organisation dissidente