Menu
Libération

Les bienfaiteurs du cimetière juif de Vienne

Article réservé aux abonnés
Deux retraités ont crée l'association Shalom pour réhabiliter et recenser les tombes.
publié le 12 août 2002 à 0h38

Vienne de notre correspondant.

Carla et Walter Pagler sont de paisibles retraités viennois. Ouverts, chaleureux, toujours une blague au coin de la bouche, malgré de très gros problèmes de santé. Après quarante années consacrées au travail, les Pagler auraient pu se satisfaire d'un repos tranquille dans leur petite maison avec gentil jardinet à la sortie de Vienne. Eh bien, non. Dans cette Autriche encore rongée par ses péchés nationaux-socialistes, Carla et Walter, catholiques convaincus, vouent tout ce qui leur reste de vie (et d'argent) à une seule activité : la restauration des cimetières juifs laissés à l'abandon. «Ma mère est enterrée pas loin d'ici», explique Carla Pagler en désignant un ensemble de sépultures, près de la grande allée du cimetière central de Vienne. «Chaque fois que j'allais sur sa tombe pour la nettoyer un peu et arranger les fleurs, je voyais de l'autre côté de l'allée, dans la partie juive, le chaos qui y régnait, avec les pierres à moitié renversées et de la végétation partout. Un jour, j'en ai eu marre.» En 1991, Carla et son mari décident de fonder l'association Shalom, dont le but est de remettre en état les quelque 60 000 tombes du vieux secteur israélite du cimetière. Les plus anciennes inscriptions y remontent à 1750, les plus récentes au début du XXe siècle. «En 1938, avec l'assassinat ou la fuite à l'étranger de la quasi-totalité des 200 000 juifs autrichiens, plus personne ne s'est préoccupé de l'ancien secteur», explique Walter, devenu inc