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Libération

A Kiryat-Gat, les oubliés de la Terre promise

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La faillite de l'usine textile locale plonge la ville dans le désarroi.
publié le 13 août 2002 à 0h39

Kiryat-Gat envoyé spécial

Si Israël n'était pas si petit, on pourrait se croire loin de tout. Pourtant, Kiryat-Gat n'est qu'à 46 kilomètres de Tel-Aviv et de l'aéroport Ben-Gourion, à 68 de Jérusalem et à 30 du port d'Ashdod : un panneau l'indique à l'entrée de la ville. C'est censé être pratique pour les investisseurs. Mais pour ses habitants, Kiryat-Gat reste au milieu de nulle part. Même le plan d'urbanisme semble avoir été inspiré par le vide : plus on s'approche du centre-ville, plus les bâtiments sont clairsemés. Jusqu'à la grande dalle centrale, une sorte de place Rouge que l'on traverse sans s'arrêter. Sur les bords, des vieux sont attablés dans de petits troquets sous l'ombre rare d'arbres couverts de poussière. Aux portes de la ville commence le désert du Néguev. On prend le café entre soi : les Russes avec les Russes, les Marocains avec les Marocains, les Falachas (juifs d'Ethiopie émigrés en Israël dans les années 80, ndlr) n'ont pas de café à eux, ils ne sont pas assez riches ou pas assez nombreux.

Chômage. L'esplanade est bouchée par un bâtiment de deux étages, la municipalité, dirigée depuis 1996 par Albert Erez. Ce juif marocain, militaire à la retraite, est un likoudnik. «J'ai soutenu Sharon et je le soutiens toujours, mais il faut appeler un chat un chat : le social devrait être l'une de ses priorités.» Erez parle en connaissance de cause : à Kiryat-Gat, le taux de chômage a bondi de 11 à 18 % depuis que l'entreprise textile Bagir, l'un des principaux employe