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Libération

L'indemnisation des victimes de l'apartheid tarde

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Lassés du silence de l'Etat, des Sud-Africains se retournent contre des multinationales.
publié le 19 août 2002 à 0h41

Johannesburg

de notre correspondante

Huit ans après avoir définitivement tourné la page de l'apartheid, l'Afrique du Sud n'a toujours pas indemnisé les victimes du régime raciste. Cela fait maintenant quatre ans que la fameuse Commission vérité et réconciliation (TRC), fondée en 1995, a achevé ses travaux. Elle a même été dissoute au printemps. Mais les 21 000 victimes de l'apartheid recensées attendent encore des réparations. Khulumani («exprime-toi» en zoulou), une association qui rassemble 4 000 d'entre elles, a décidé, en juin, d'intenter un procès à l'Etat sud-africain : les autorités maintiennent en effet un mutisme total sur le montant et sur l'échéance des réparations promises. A la fin de ses travaux, en 1998, la TRC avait pourtant recommandé le règlement de 3 milliards de rands (290 millions d'euros) échelonné sur six ans. Jusqu'ici, Trevor Manuel, le ministre des Finances, n'a débloqué qu'un versement «intérimaire» de 48 millions de rands (4,6 millions d'euros). Le reste est suspendu à la remise au président Thabo Mbeki du rapport final de la TRC, prévue pour le mois d'août. «C'est comme pour les maisons, les emplois et les soins de santé promis par le gouvernement, soupire un membre de Khulumani. On attend.»

«Souvenir» de Soweto. Fatigués d'attendre, d'autres ont décidé d'aller chercher l'argent là où il se trouve : auprès des riches multinationales qui ont commercé avec le régime de l'apartheid. C'est le cas de Lulu Peterson. La photo de son jeune frère, mort dans