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Libération

«La ville nous a laissés tomber»

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publié le 20 août 2002 à 0h41

Région de Wittenberg

envoyée spéciale

En pataugeant jusqu'à mi-corps, le vieil homme a réussi à sauver ses deux poneys. Il avance sur la route, traverse le petit lac qui vient de se former au milieu de la chaussée, et raconte : «L'eau a jailli cette nuit, vers 1 heure du matin. J'ai eu le temps de lâcher les cochons, libérer les poules, les canards et les lapins. Quand j'ai quitté le village, l'eau nous arrivait à la ceinture. Maintenant, je ne sais pas. J'ai laissé les fenêtres et les portes ouvertes pour qu'elles ne se brisent pas. Si j'ai la guigne, ma baraque va s'écrouler. Je vais mettre les poneys au sec et j'y retourne.» Avec une douzaine d'hommes, Friedhelm Demmer montait la garde dans son village de Gehmen, 112 habitants, à une dizaine de kilomètres de l'Elbe, en temps normal. Une femme de 74 ans est aussi restée, précise-t-il. «Elle n'était pas partie en 1945 quand les Russes sont arrivés. "Ce n'est pas l'eau qui va me faire partir", dit-elle.»

«Abandonnés». Alors que l'Elbe a entamé sa décrue depuis samedi, une dizaine de digues détrempées et épuisées par la pression de l'eau ont encore cédé, ces dernières 48 heures, dans cette région entre Dresde et Wittenberg, inondant des dizaines de villages. «L'église venait tout juste d'être rénovée, pour 1,6 million de marks (800 000 euros)», soupire Christian Beuchel, le pasteur d'Axien, village qui a connu le même sort que Gehmen dans la nuit de dimanche à lundi. Pendu à son portable, le pasteur organise le ravitaillement de