L'ONU viendra-t-elle à la rescousse des disparus de la guerre d'Espagne ? Alors que 30000 corps d'opposants à la dictature de Franco gisent toujours dans des fosses communes clandestines, les familles ont présenté cette semaine une requête devant le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées. Regroupées dans l'Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH), elles demandent que l'Etat espagnol ordonne l'exhumation des corps, leur identification par des expertises d'ADN et, lorsque cela serait impossible, la création de sépultures collectives signalées par un monument public.
«Il y a urgence», dit Emilio Silva, le président de l'ARMH, qui mène des fouilles depuis près de deux ans. Car la localisation des charniers dépend souvent de la seule mémoire de témoins âgés, qui ont vécu la sauvage répression des opposants à Franco, pendant et après la guerre civile (1936-1939). L'association réclame aussi des mesures de réhabilitation de la mémoire de ces victimes et de la dignité de leurs familles, telles que le bénéfice des pensions aux anciens combattants, mais aussi la suppression des rues et places d'Espagne de symboles et monuments «qui encensent comme "libérateurs" les auteurs de violations gravissimes et systématiques des droits de l'homme», réclame Emilio Silva. Selon José Luis Rodriguez Jimenez, professeur d'histoire contemporaine à l'université Juan Carlos de Madrid, il est temps d'abattre «le mur de silence autour de cette répression»