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Libération

La bataille des digues sur le lac Dongting

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Une armée de paysans chinois mobilisée pour contenir les eaux.
publié le 26 août 2002 à 0h44

Jun Shan Yuan envoyé spécial

La digue de Jun Shan Yuan ne cédera pas : parole de Zhou Ji, cadre paysan au chapeau de paille, qui veille sur un secteur stratégique de 12,5 km de long au nord du lac Dongting, là où cette immense voie d'eau rencontre le puissant et redoutable fleuve Yangtsé. Derrière la digue, 180 000 personnes sont directement menacées, et, en aval, la métropole de Wuhan et ses 7 millions d'habitants seraient, eux aussi, en danger.

Alors que le niveau du lac s'est stabilisé à plus d'un mètre au-dessus de la cote d'alerte et commençait à baisser, mais que la météo annonce de nouvelles pluies cette semaine, Zhou Ji reste vigilant : il passe ses jours et ses nuits sur «sa» digue. Il est à la tête de 450 paysans mobilisés sur ce tronçon qui protège des polders gagnés sur le lac dans les années 50, à l'époque des grands projets maoïstes. Une armée artisanale de paysans munis de pioches et de bêches, mais apparemment efficace.

De fait, la bataille des digues donne parfois le sentiment de revivre les années de fièvre du président Mao, dont le portrait, dans sa province natale du Hunan, reste présent dans toutes les maisons. Tous les kilomètres, sur la ligne de front des flots, une tente sert de poste de veille, surmontée d'un drapeau chinois et d'une grande banderole rouge : «Défendons la digue jusqu'à la mort !»... Les paysans de garde, avec des brassards comme les gardes rouges des années 60, sortent toutes les heures, malgré la chaleur accablante, pour effectuer une