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Libération

Boat people malvenus en Australie

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Un an après l'arrivée de 400 Afghans, Canberra a verrouillé ses frontières.
publié le 27 août 2002 à 0h45

Sydney de notre correspondante

Sur l'estrade, il y a la dame en rouge qui chante et, dans la foule, Vinh qui pleure. Ce n'est pas que l'hymne national le bouleverse ­ il faudrait pour cela qu'il comprenne les paroles. Mais de serrer dans sa main le papier qui fait de lui un Australien a eu raison de sa réserve. La cérémonie de citoyenneté s'achève. Dans la salle de la mairie, une cinquantaine de personnes s'éparpillent et se regroupent instinctivement par famille. Vinh a rejoint les Vietnamiens. Avec un visa et un billet d'avion en poche, sa route a été douce. La traversée de Cuong, le traducteur, a, elle, le goût du sel qui lui a rongé la peau sur cette méchante barcasse secouée par les vagues au large de Java avant de se briser sur les côtes australiennes. «Je suis un boat people. Alors, quand j'ai vu les gens du Tampa à la télévision, mon coeur s'est serré...»

Boat people. Le Tampa : environ 400 boat people en perdition qu'un cargo norvégien avait recueilli à son bord et qui réclamaient l'asile politique à l'Australie. Mais, en août 2 001, les élections fédérales approchaient. La marine australienne empêcha les boat people de débarquer sur Christmas Island. Parce qu'ils étaient en majorité afghans, le ministre de la Défense laissera entendre plus tard que des terroristes auraient pu se dissimuler parmi eux. Et le ministre de l'Immigration rapporta ­ ce qui se révélera faux ­ que les boat people, pour contraindre les Australiens à les accepter, jettaient leurs enfants par-de