Berlin de notre correspondante
Le face-à-face oppose 101 morts et 105 blessés d'un côté, l'honneur de la Deutsche Bahn (DB), la compagnie allemande des chemins de fer, de l'autre. Le procès du plus grave accident ferroviaire de l'histoire allemande, le déraillement d'un train à grande vitesse (ICE), à Eschede le 3 juin 1998, s'est ouvert hier à Celle (nord-ouest), dans une grande salle choisie pour pouvoir accueillir tous les parents des victimes. Au bout de quatre années d'investigations, le parquet de Lunebourg a réussi à reconstituer les causes du déraillement et identifier trois prévenus. Deux directeurs techniques de la DB et un ingénieur de la filiale de ThyssenKrupp, qui avait fabriqué les roues du train, sont mis en accusation pour homicide et blessures «par négligence».
Manquements. L'enquête est remontée jusqu'en 1991, date d'introduction en Allemagne de ces trains à grande vitesse. Les premiers ICE avaient un grave défaut : ils vibraient tant qu'au wagon-restaurant les passagers étaient assurés de recevoir leur café sur les genoux. Pour réduire cet inconfort, la compagnie avait alors décidé d'équiper ses trains de roues non plus d'un seul tenant, mais en trois parties : une mince couche de caoutchouc fut intercalée entre la roue et le pneu extérieur, pour amortir les chocs.
C'est une de ces roues, à l'arrière du premier wagon, qui a lâché le 3 juin 1998 : le cercle extérieur s'est détaché, s'est pris dans un aiguillage et a fait dérailler le convoi, qui fonçait alors