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Libération

Le Dongting reprend ses terres

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La poldérisation du lac chinois, symbole des années Mao, se révèle un désastre.
publié le 29 août 2002 à 0h46

Qian Liang Hu envoyé spécial

Cette phrase vaut toutes les explications : « Vous comprenez, c'était l'époque du président Mao...» Prononcée par un paysan vivant sur un polder inondable du lac Dongting, dans la province du Hunan ­ justement la région natale du Grand Timonier ­, elle justifie sa présence sur cette terre dangereuse. Elle explique aussi, en creux, pourquoi cette province du sud de la Chine est en proie, à intervalles réguliers, à de terribles inondations. C'était l'époque où l'homme se croyait plus fort que la nature; où l'écologie était une notion encore inconnue ­ si elle avait existé, elle aurait été qualifiée de «bourgeoise»; où, enfin, nourrir des millions d'hom mes et de femmes affamés l'emportait sur toute autre considération. De la fin des années 50 jusqu'aux années 70, c'était le temps où la Chine pouvait se mobiliser autour de grands plans de développement imaginés au sommet, dont beaucoup s'achevèrent en catastrophe.

Projet pilote. La «conquête» du lac Dongting fait assurément partie de ces projets que la Chine continue de payer au prix fort. «Ce n'est pas la seule cause des inondations, mais c'est sûrement la principale», explique Zhang Chen, un expert du World Wildlife Fund (WWF), qui dirige un projet pilote de restitution de polders au lac Dongting. La carte au mur de son bureau à Changsha, la capitale du Hunan, est parlante : les polders couvrent une bonne partie de la superficie du lac, dont on voit bien qu'il est en train d'être asphyxié alors que