Mondragon envoyé spécial
De jour comme de nuit, les militants se relaient pour veiller sur la herriko taberna («taverne du peu ple») Irati de Mondragon qui abrite le siège local de Batasuna. L'air anxieux, ils s'attendent, à tout moment, à ce que la police basque fasse irruption, déloge les occupants et mette les scellés. Après l'ordre de suspension immédiate du parti séparatiste radical, accusé par le juge Baltasar Garzon de «complicité active» avec l'ETA, une vingtaine de locaux de Batasuna ont déjà été fermés, depuis lundi, en Navarre et dans les principales villes du Pays basque espagnol. Dans une salle attenante au bar, où les murs sont couverts d'affiches à la gloire de Euskal Herria Aurrera («Pays basque vers l'avant»), la vingtaine de militants Batasuna attablés est sur le qui-vive. Ils se demandent quand viendra le tour de Mondragon Arrasate, en langue basque , l'une des quelque 60 mairies tenues par Batasuna.
Inéluctable. Dans cette ville industrielle de 24 000 habitants, à mi-chemin entre Bilbao et Saint-Sébastien, les militants se sont mobilisés pour résister, «par des moyens pacifiques», disent-ils, à l'inéluctable intervention de la police. Parmi ceux qui montent la garde, se trouve Larraitz Trojaola, une jeune élue en charge de la jeunesse et de l'euskara (la langue basque), fière d'appartenir à une municipalité gouvernée par Batasuna depuis 1987: «Nous sommes tous en état de choc. On a déjà connu des moments difficiles avec l'Etat espagnol, mais jamais à ce