Nairobi de notre correspondant
C'est en pleine crise de régime que le président Daniel Arap Moi, 78 ans, le plus ancien chef d'Etat africain en exercice après le Togolais Eyadéma, s'apprête à passer la main. Vendredi, il a démis de ses fonctions George Saitoti, son vice-président depuis 13 ans et ministre de l'Intérieur. Saitoti avait eu le tort de se lancer dans la course à la présidentielle, parce qu'il désapprouvait le choix du président d'imposer comme dauphin un débutant en politique, Uhuru Kenyatta, fils du père de l'indépendance Mzee Jomo Kenyatta. Si le pedigree d'Uhuru est flatteur, sa désignation pour diriger ce pays clé d'Afrique de l'Est, encerclé par les conflits, miné par la corruption et poudrière ethnique, a provoqué une révolte ouverte contre le vieux chef au sein de son propre parti, la Kanu (Union nationale africaine-Kenya), au pouvoir depuis l'indépendance en 1963.
Machine électorale. Apparemment, la transition au pays des safaris a tout pour être pacifique : le multipartisme existe au Kenya depuis dix ans, l'élection présidentielle est prévue en décembre et l'opposition, bien qu'endormie, y sera représentée. Mais depuis l'annonce de son choix, le 30 juillet, Moi s'est transformé en directeur de campagne pour Uhuru, arpentant le pays pour défendre «ce jeune homme qui sait écouter». Il a mis les fonds, la machine électorale du parti et les médias publics au service du riche businessman de 41 ans, qui n'a jamais exercé un mandat. En un an, Moi lui a fait grav