Champlain envoyé spécial
Les Etats-Unis s'apprêtent à commémorer le «nine eleven» le 11 septembre, jour noir qui vit la plus incroyable attaque terroriste jamais perpétrée abattre les tours du World Trade Center de New York, éventrer le Pentagone à Washington et faire au total 3050 victimes. Royaume de l'optimisme proclamé, l'Amérique est aujourd'hui une hyperpuissance inquiète. Enquête sur les stigmates du 11 septembre.
Au bout de la route, il n'y a rien. Un fossé broussailleux qui court devant la forêt et que l'on enjambe sans difficulté. Une pancarte aussi, marquée «road closed». De l'autre côté, ce n'est pourtant déjà plus l'Amérique. Le bitume que l'on aperçoit partir au loin est en territoire canadien. «Il n'y a aucune barrière ou même aucun grillage», dit Walter Harwell, l'officier de la Border Patrol (police des frontières) en charge du village de Champlain, tout au nord de l'Etat de New York. «C'est ce que l'on appelle une frontière ouverte et c'est comme cela sur des milliers de kilomètres. Alors, évidemment, ce n'est pas facile à surveiller. Mais, depuis le 11 septembre, on met les bouchées doubles, tout le monde est mobilisé.» Dans les jours qui ont suivi les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, l'Amérique s'est tout de suite inquiétée de sa frontière nord. Longue de plus de 8 000 kilomètres, traversant des régions reculées et souvent inaccessibles, elle a toujours été un terrain de prédilection pour nombre d'immigrants illégaux et de contreband