Erbil, Soulemanieh (Kurdistan irakien)
envoyé spécial
Tarak Rsaur Nabi, 20 ans, est encore sous le choc. Il raconte : «Avec mon frère Farhan et mon cousin Hassan, nous marchions côte à côte, tout en gardant nos chèvres. Soudain, ce fut l'explosion. Farhan avait posé le pied sur une mine. Il est mort sur le coup comme Hassan. J'étais touché à la tête, au thorax, à l'épaule et au bras.» Tarak est sur son lit d'hôpital, bandé de partout. Dans le Kurdistan irakien, l'une des régions les plus minées au monde, son histoire est d'une terrible banalité, tous les jours ou presque, un berger, un enfant, saute sur une mine. Mais le pire est peut-être encore à venir. Des représailles irakiennes provoquées par une intervention américaine pourraient jeter des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sur les routes de l'exil, victimes potentielles des 12 à 15 millions de mines antipersonnel qui les attendent.
Responsabilisant. C'est dans ce contexte inquiétant qu'une mission de l'Appel de Genève, une organisation lancée en mars 2000 qui lutte en faveur de l'éradication des mines antipersonnel dans des zones qui échappent au contrôle des gouvernements, s'est rendue au Kurdistan irakien. Menée par Elisabeth Reusse Decrey, ancienne présidente du Parlement genevois, la délégation avait pour objectif d'obtenir la signature au bas de l'Appel de Genève des deux partis kurdes, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud