Hohhot envoyé spécial
La route n'a que deux voies, mais les trois semi-remorques n'en ont cure. L'un dépasse son collègue sur la gauche, comme il se doit, tandis que l'autre, pressé d'arriver, a décidé de mordre sur le bas-côté et de le doubler sur la droite à grande vitesse. Scène de conduite ordinaire sur une route du nord-ouest de la Chine, où des visions apocalyptiques comme celle-ci sont fréquentes.
Les statistiques sont implacables : 44 000 morts dans les accidents de la route au cours des cinq premiers mois de cette année, soit 6,6 % de plus qu'à la même période de l'an dernier. 2001 était déjà une année record, avec plus de 100 000 morts, contre 94 000 en 2000, 83 500 en 1999... Des chiffres relativement bas au regard d'une population de 1,3 milliard d'habitants, mais énormes si on les rapporte au nombre de véhicules en circulation 15 millions, camions, bus et voitures privées , bien inférieur à un pays comme la France qui enregistre dix fois moins de morts.
Indiscipline. Pour comprendre pourquoi 300 personnes meurent chaque jour en moyenne sur les routes de Chine, il n'est pas besoin de faire des études savantes. Il suffit de prendre sa voiture et, au hasard, de quitter Pékin vers le nord-ouest. Les premiers kilomètres d'autoroute, jusqu'à la Grande Muraille, sont un relatif havre de paix. Les choses se gâtent très vite après, lorsque la route nationale reprend ses droits, avec sa noria de camions bleus de marque Dongfeng, qui sont autant de tueurs en puissance, et