Menu
Libération

L'au-delà, filon littéraire

Article réservé aux abonnés
publié le 4 septembre 2002 à 0h51

Cet été, c'est The Remnant, un roman sur le monde «postenlèvement», qui a dominé les ventes. L'enlèvement (rapture, en anglais) est l'aspiration vers les cieux des bons chrétiens juste avant la fin des temps, tel que le prévoit le Livre des révélations. Souvent évoqué sur les pare-chocs des voitures («En cas d'enlèvement, cette auto sera sans conducteur»), ce ravissant avenir passionne depuis longtemps l'Amérique profonde et évangélique. Mais depuis le 11 septembre, cet engouement a pris des proportions insoupçonnées. Les radios conservatrices n'ont cessé de diffuser des émissions millénaristes, les connexions des sites Internet consacrés à la fin des temps ont explosé et les ventes des livres ont grimpé en flèche.

Vendu à plus de trois millions d'exemplaires, The Remnant est le dixième tome d'une série intitulée Left behind («Abandonnés»), dont les ventes ont augmenté de 60 % après le 11 septembre. La saga raconte les derniers jours du monde après l'«enlèvement» : il ne reste plus sur terre que les pauvres pêcheurs dans une atmosphère de chaos. L'opinion politique des auteurs, Tim LaHaye et Jerry Jenkins, transpire à travers certains détails : leur Antéchrist n'est autre que le secrétaire de l'ONU et il a, le gredin, imposé une monnaie mondiale. Cette passion eschatologique n'est pas sans incidence sur la politique étrangère. Le soutien absolu de la droite religieuse à Israël est largement dicté par la prophétie selon laquelle le peuple d'Israël doit être rassemblé avant le