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Libération

Itinéraire d'une photo dévoyée

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Un tabloïd britannique prétend avoir identifié les victimes sur un cliché du 11 septembre. Les proches s'indignent.
publié le 6 septembre 2002 à 0h52

Cette photo-là, Thomas Dallal lui a donné un nom : «la photo de l'horreur». Il l'a prise juste avant que les tours ne s'écroulent. «Sur la façade de la tour nord, j'ai vu de petites ombres qui s'accrochaient. J'ai alors commencé à faire des photos de façon un peu mécanique. Les gens s'accrochaient aux fenêtres, cherchant désespérément à échapper à la fumée. En haut du bâtiment, un homme agitait quelque chose de blanc.» Quand le sol a commencé à trembler, annonçant l'effondrement des tours, Thomas Dallal est parti en courant et il est tout de suite allé au laboratoire pour faire développer ses films. Dès la fin de l'après-midi, il scannait ses photos et les envoyait à l'agence Sipa Press, qui le distribue, et à deux de ses clients réguliers : le New York Times et Der Spiegel.

Dans son édition du 12 septembre, le New York Times ne publiera pas la photo de Dallal mais un plan plus serré. «Cette photo de Reuters était beaucoup moins bonne que la mienne. Moins nette, moins dramatique. J'étais furieux», raconte Dallal. Paris-Match sera le premier à la faire paraître. Le New York Times la reprend finalement dans son édition du 31 décembre consacrée aux meilleures photos de l'année, puis dans celle du 26 mai pour accompagner sa fameuse enquête «102 minutes» qui retrace les derniers instants à l'intérieur de la tour.

«Travail de deuil». En janvier, Thomas Dallal reçoit un coup de fil de Jean Coleman. Ses deux fils, qui travaillaient pour Cantor Fitzgerald, ont péri dan