Deux mois après le début de l'Intifada, Médecins sans frontières (MSF) a décidé, en novem bre 2000, de lancer des consultations psychologiques dans les territoires palestiniens, à Hébron et dans la bande de Gaza. Ce programme, inspiré des techniques de soutien psychologique aux soldats en guerre, n'est pas une première : l'ONG les a expérimentées en Tchétchénie, au Sierra Leone... Médecins du monde (MDM) a mis en place une opération similaire à Naplouse. Dans ses Chroniques palestiniennes (1), recueil de témoignages de patients et de réflexions des praticiens, MSF fait le point sur les acquis et les limites d'un tel programme dans un conflit qui n'a cessé de se durcir et dont la dimension psychologique est déterminante. Jean-Hervé Bradol, président de MSF, explique à Libération les difficultés rencontrées.
MSF se demande s'il va continuer à travailler dans les territoires palestiniens. Pourquoi ?
Après la nouvelle offensive militaire israélienne et les restrictions dans les déplacements, les gens sont bouclés et les services de santé palestiniens n'ont plus le droit de pratiquer. Résultat, MSF doit aujourd'hui se substituer à un service de santé qui fonctionnait très bien avant qu'on arrive. Si ça continue, on va se retrouver dans une situation classique de camps de réfugiés. Se pose alors le problème de devenir les auxiliaires de l'armée israélienne. Concrètement, c'est l'autorité israélienne, et non plus l'Autorité palestinienne, qui définit le cadre de notre action, la possibilité de transporter les blessés, les malades, le personnel ou le matériel médical. C'est