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Libération

Danny Whitehead. Métallo et ex-volontaire. A peur de «confronter ses démons».

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Un an après, retour sur huit «témoins» du 11 septembre, dont le portrait était paru en dernière page de «Libération».
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

C'était un dimanche. Le dimanche après le 11 septembre. On avait croisé Danny Whitehead épuisé, couché sur sa voiture, pas très loin de Ground Zero (1). Un colosse blond au regard bleu azur, métallo ordinaire qui venait de passer quatre jours à couper de l'acier dans les décombres des deux tours. Ce jour-là, Danny avait simplement dit qu'il était descendu de sa petite ville du nord de l'Etat de New York «parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, parce qu'il fallait aider, tenter de faire quelque chose». Volontaire comme tant d'autres, venu essayer de relever une Amérique qui vacillait. Un an après, Danny Whitehead n'a toujours pas revu Manhattan. Il est toujours métallo, mais «il n'a pas pu oublier les images, les pompiers qui pleurent, les gens qui crient». «C'est un truc que je n'effacerai pas, qui sera avec moi pour toujours. Plusieurs fois, j'ai voulu aller revoir tout cela de près, rendre hommage aux victimes, mais je n'ai pas pu, je n'ai pas trouvé les forces.» Douze mois plus tard, lui l'Américain pur jus n'est plus sûr de rien, ne sait pas trop ce que lui réserve le futur. «Qui nous dit qu'une deuxième attaque n'est pas possible ? Le gouvernement a lancé sa guerre contre les terroristes, mais ils sont invisibles. Attaquer l'Irak, c'est bien joli, mais à quoi bon faire de nouvelles victimes ?» Pour l'anniversaire de l'attentat, il pourrait se décider enfin, «confronter ses démons», comme il dit, et retourner «là-bas». Il ne sait pas encore, il faut qu'il se décide.