Au matin du 11 septembre 2001, la détresse se lisait sur tous les visages à New York. Tout en bas, la fumée avait obscurci l'horizon. Certains se regardaient, souvent trop hébétés pour parler, d'autres criaient à la fin du monde. Un an plus tard, rencontres sur Broadway, l'artère centrale de Manhattan, pour prendre le pouls de la ville. Une longue balade du nord au sud.
125e Rue, Harlem. Le long du Martin Luther King Boulevard, le vieil homme s'est arrêté devant la vitrine d'un salon de beauté. Au milieu des vernis à ongles et des rouleaux à cheveux, la photo des deux tours, majestueuses, est toujours là. «Je crois qu'on n'oubliera jamais, souffle James Legree, un grand-père de 72 ans. Cette catastrophe a touché tout le monde. Les Noirs, les Blancs, les Jaunes. Et puis nous, les vieux, on a toujours peur. Après un truc pareil, comment pourrait-on se sentir en sécurité ?»
116e Rue. Devant les grilles de l'université Columbia, Sam Douglas, un étudiant en littérature, se souvient. «Au début, c'était le choc. Je suis resté 24 heures d'affilée devant la télévision. Et puis, tout doucement, on a commencé à discuter entre copains, à essayer d'analyser ce qui s'était passé.» Après les attentats, Columbia fut l'une des premières universités à organiser des forums, à lancer des débats pour s'interroger sur le 11 septembre. «Aujourd'hui, je crois que je comprends les raisons qui peuvent pousser des êtres de chair et de sang à un tel acte, poursuit Sam. L