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Libération

Chatila toujours hanté par le carnage

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Vingt ans après, les réfugiés palestiniens, entre débrouille et drogue, ont peu d'espoir.
publié le 16 septembre 2002 à 0h59

Beyrouth

de notre correspondante

C'est un terrain vague fermé par une grille. A l'entrée du camp de Chatila, seul cet espace envahi d'herbes folles qui ont poussé sur l'une des fosses communes rappelle le grand massacre commis par les milices libanaises chrétiennes avec la couverture de l'armée israélienne, qui occupait alors Beyrouth. Entre 800 et 2 000 Palestiniens y ont péri. C'était il y a vingt ans, le 16 septembre 1982.

Parcelles. Installé au sud de la capitale libanaise sur un terrain d'un kilomètre carré loué par l'Unrwa (agence mise en place par les Nations unies, destinée au secours des réfugiés de Palestine), le camp de Chatila est une forêt de hauts immeubles de béton, séparés par des ruelles sinueuses. Les réfugiés y ont construit leurs maisons sur les parcelles allouées. Faute d'espace au sol, ils ajoutent des étages pour y loger leurs enfants, qui fondent de nouvelles familles, ou pour louer à des Libanais et à des Syriens. Les Palestiniens n'y seraient plus que 8 000 sur près de 15 000 habitants. Ils sont arrivés en 1948, lors de la création de l'Etat d'Israël, et en 1967, lors de la guerre des Six Jours. La nouvelle génération est née dans ce camp où elle rêve d'une Palestine jamais vue.

Mohammed Roudeina, 26 ans, vit dans le camp avec sa soeur. Ils ont perdu onze membres de leur famille lors du massacre. Il fait partie des 23 survivants qui ont déposé une plainte contre Ariel Sharon, alors ministre de la Défense. Dans un tiroir, il a gardé des coupures de journ