Mossenberg envoyée spéciale
Un sofa marron, un napperon blanc sur la table basse et des collections d'assiettes peintes aux murs : «C'est ici !» Rudi Freitag, 66 ans, semble encore s'étonner lui-même lorsqu'il montre son salon : «C'est ici qu'est né Gerhard Schröder.» «Ma mère a appelé la sage-femme, et tout s'est passé là», le 7 avril 1944. C'était la guerre, la mère du futur chancelier allemand fuyait l'Est avec sa première petite fille et avait trouvé refuge provisoire chez les Freitag, dans cette grande ferme au bout du village de Mossenberg, surnommée «la Gare» pour ses briques rouges. Gerhard Schröder rappelle toujours volontiers qu'il vient de «tout en bas» : son père mort au front juste après sa naissance, sa mère qui faisait des ménages pour nourrir seule cinq enfants... Rudi Freitag remet en ordre ses napperons et opine : «Y a pas à dire. Ce que Schröder a fait comme chemin, cela mérite l'admiration.»
Depuis ce 7 avril 1944, le petit village de Mossenberg a lui aussi bien changé. Entre «la Gare» et les autres fermes du village, de nouveaux petits pavillons ont pris place, précédés de pelouses bien lisses. Des géraniums aux balcons. Un cabriolet sous un auvent... A l'heure du Feierabend, le moment toujours très important en Allemagne de la fin de la journée de travail, on ne croise plus les vaches rentrant des prés, les ouvriers qui reviennent de la ville voisine, mais des joggers avec leur caniche. On pourrait croire que Schröder s'est inspiré de son village natal lo