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Les turcs dans le grand bain électoral (2/5)

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La nouvelle législation a multiplié les naturalisations.
publié le 17 septembre 2002 à 1h01

Cologne, Duisbourg

envoyée spéciale

Café turc, boulangerie turque, droguerie turque, bijouterie turque, mosquées sunnite et alévie... Les Turcs eux-mêmes ont surnommé ce quartier de Cologne la «petite Istanbul». Près d'un tiers des 40 000 habitants de Mülheim est d'origine étrangère. Quand la nouvelle loi sur la naturalisation est entrée en vigueur en 2000, le hall de la mairie d'arrondissement a été pris d'assaut. 1 325 étrangers ont demandé le passeport allemand. Depuis, les ardeurs se sont calmées : 645 demandes en 2001, 458 depuis le début de l'année. Cette nouvelle loi qui a instauré le passage du droit du sang au droit du sol (lire page suivante) a constitué une véritable révolution. Désormais, un enfant de parents turcs né en Allemagne ne naît plus turc, mais allemand. Quarante ans après l'arrivée des premiers Gastarbeiter («travailleurs invités»), l'Allemagne a clairement décidé d'intégrer ses immigrés.

«Seconde patrie.» Appuyé contre un arbre de la Keup strasse, au coeur de la «petite Istanbul», Kemal Vuranok, 46 ans, connu dans le quartier pour ses talents de réparateur en tout genre, peste : «Schröder nous a bien eus avec sa loi. Il nous avait promis la double nationalité. Alors moi, j'avais commencé toutes les démarches. Et puis, on ne l'a pas eue !» Une Mercedes le klaxonne. Un jeune homme embrasse Kemal et lui tend l'invitation à son mariage. Après un quart d'heure de salamalecs, Kemal reprend : «Moi, je veux bien la nationalité allemande. Je vis ici depuis 1973,