Srinagar envoyé spécial
Les promesses indiennes d'une élection «libre et juste» au Cachemire ont volé en éclats, hier, lorsque des centaines de Cachemiris ont été forcés dans plusieurs districts de se rendre aux urnes à la pointe du fusil. «L'armée est venue nous chercher ce matin dans notre village. Ils nous ont traînés hors de nos maisons, nous ont battus et nous ont menacés de représailles si nous revenions ce soir sans le tampon bleu sur l'index. Nous avons peur, alors nous sommes venus, mais nous ne voulons pas voter», a déclaré un jeune homme à Libération alors qu'il attendait son tour pour voter à Tirush, une petite ville du Cachemire, un Etat himalayen disputé entre l'Inde et le Pakistan depuis 1947.
Slogans. Etroitement encadrés par les forces de police, plusieurs centaines d'hommes racontaient la même histoire. «Nous sommes contre cette élection, nous voulons l'indépendance, se lamentait l'un d'entre eux. Mais nous n'avons pas le choix, nous savons que si nous refusons, nous serons battus jusqu'au sang.»
Le bref passage d'un député, candidat à sa propre réélection, a immédiatement suscité un vent de révolte au sein du groupe, qui s'est mis à crier des slogans indépendantistes. «Liberté, liberté», ont-ils scandé quelques instants, avant d'être violemment remis dans le rang par les policiers. «Qu'ils tirent ! défiait l'un d'entre eux. Nous préférons mourir que de subir cette humiliation !»
Dans la région de Rafiabad, certains exhibaient des traces de coups, affirmant avo