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Libération

Femmes vitriolées sans espoir de justice au Bangladesh

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En trois ans, 988 victimes d'attaques à l'acide ont été recensées, en majorité des jeunes filles ayant refusé une demande en mariage.
publié le 18 septembre 2002 à 1h02

Dacca envoyé spécial

«Je veux montrer mon visage au monde entier», lance Shurma en laissant tomber le voile qui lui recouvre la face.ÊVictime, il y a huit mois, d'une attaque à l'acide, la petite est totalement défigurée. Les trois opérations qu'elle a subies des mains des plus grands spécialistes n'y ont rien changé : son visage n'est plus, pour moitié, qu'un amas de peau brûlée. A vie. «Je n'ai que 14 ans, et ma vie est détruite à jamais, poursuit-elle. Même mes parents ne veulent plus de moi, ils disent que je suis un fardeau, qu'ils ne pourront jamais me marier. Et pourtant, je n'ai rien fait de mal... Nous sommes des centaines dans ce cas-là, alors je veux que tout le monde connaisse mon histoire, pour que les gens sachent ce que vivent les femmes dans mon pays.»

Assise en tailleur sur le lit de la petite clinique où elle vit depuis son accident, Shurma raconte : «C'était le soir du 18 novembre, l'année dernière. J'étais seule dans la cuisine, en train de préparer le dîner pour toute la famille. C'est là qu'il est arrivé.» La petite s'arrête, comme pour mieux se rappeler les détails de cet instant tragique qui, en une seconde, a fait basculer sa vie dans l'horreur. «C'était le voisin, Shamimul, reprend-elle. Je le connaissais bien, mais, depuis quelques jours, il était fâché parce que j'avais refusé sa demande en mariage. Il avait 20 ans et moi je n'en avais que 13, justifie-t-elle, et puis, de toute façon, il ne me plaisait pas.» «Il avait un verre à la main. Il n'a rien