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Libération

Onze Japonais enlevés par les espions de Kim Il-sung

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A la fin des années 70, Pyongyang voulait les utiliser pour infiltrer l'archipel.
publié le 18 septembre 2002 à 1h02

Tokyo de notre correspondant

«Ainsi donc, tout était vrai...» La nuit tombe sur Tokyo, et Shigeru Yokota, 72 ans, répond avec colère et émotion aux questions des journalistes. En fin d'après-midi, la chaîne de télévision NHK a, la première, diffusé l'incroyable liste qui lève le mystère et scelle le sort, après vingt années d'espoirs et de pleurs, des onze ressortissants japonais jusque-là présumés kidnappés par la Corée du Nord. Megumi, la fille des Yokota, avait 13 ans lorsqu'elle disparut le 15 novembre 1977 près de Niigata, sur la côte nord de Honshu, face à la péninsule coréenne. Son père, fonctionnaire, avait dès lors pris la tête du combat pour réclamer, avec d'autres, que la lumière soit faite.

Survivants. Et voilà que l'impensable est devenu hier réalité, confirmée de la bouche même de Kim Jong-il. Oui, le régime nord-coréen a bien, entre 1977 et 1983, fait enlever Megumi Yokota, Yasushi Chimura, Fukie Hamamoto, Kaoru Hasuike, Yaeko Taguchi, Keiko Arimoto et les autres. «Je veux demander pardon», a déclaré Kim Jong-il tandis que la Croix-Rouge nord-coréenne alignait enfin en face des onze noms les réponses tant attendues : six morts, un disparu, quatre survivants.

Megumi Yokota, elle, n'a pas survécu. «Pourquoi ? Comment ? Nous exigeons de savoir ce qui s'est passé. Admettre ne suffit pas...», martèle son père. L'histoire de l'adolescente, si l'on en croit les versions ramenées de Pyongyang par les reporters présents, défie l'entendement. A la fin des années 70, le rég