Bruno Losch, spécialiste de la Côte-d'Ivoire au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement de Montpellier, répond aux questions de Libération.
Comment expliquer les événements d'hier en Côte-d'Ivoire ?
Depuis l'élection de Laurent Gbagbo, en octobre 2000, on était dans une situation d'instabilité politique forte. Plu sieurs candidats majeurs avaient été mis hors jeu, entraînant un taux d'abstention très élevé (62 %, ndlr). Résultat : le pouvoir actuel manquait de légitimité politique.
Pourtant, un processus de réconciliation nationale avait été engagé, ces derniers mois, à Abidjan...
Des discussions du forum de réconciliation politique, ouvertes fin 2001, ont donné lieu à une catharsis nationale en mettant sur la table les rancoeurs à caractère politique, régionaliste et religieux. Mais elles n'ont pas permis de régler le problème de fond : les conditions dans lesquelles le pouvoir actuel a été mis en place.
Quelle est la situation au sein de l'armée ?
Choyée par Houphouët-Boigny, elle s'est retrouvée déclassée depuis sa mort. L'armée a nourri une grande rancune vis-à-vis du pouvoir politique. D'autant que les jeunes soldats qui sont allés se frotter, récemment, sur des théâtres d'opérations de maintien de la paix de l'ONU sur le continent ont vu qu'on pouvait descendre dans la rue avec des armes pour changer la donne politique.
Quel rôle jouait le général Gueï, l'auteur du coup d'Etat de 1999, retrouvé mort, hier à Abidjan ?
Se sachant hors