Abidjan de notre correspondante
Abidjan s'est réveillé hier au son des armes automatiques et des mortiers. A la nuit, après une journée incertaine, le pouvoir reconnaissait qu'un coup d'Etat se poursuivait et déclarait l'état d'urgence. Bilan au moins 80 soldats loyalistes morts, et un nombre indéterminé de soldats mutins, ainsi que le général Gueï, éphémère chef de l'Etat, et le ministre de l'Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Boga Doudou.
Dès 3 heures du matin, de violents combats avaient éclaté en plusieurs points névralgiques de la capitale économique, près de la résidence du chef de l'Etat, des camps militaires et des bâtiments de la radio télévision nationale. Il a fallu plusieurs heures aux forces de l'ordre pour circonscrire les différents foyers d'affrontements. Dans la matinée, au Plateau, un quartier stratégique où sont situés les ministères et le Palais présidentiel, quelques vendeurs ont risqué une brève apparition, avant de plier bagages. D'autres quartiers ont été épargnés, au point que selon un témoin, «des gens étaient aux terrasses des cafés».
Cadavres. Avec la prise par les forces loyalistes du camp de gendarmerie d'Agban, en fin de matinée, la situation s'est peu à peu stabilisée. Les grandes artères étaient désertes et l'on pouvait voir des cadavres de civils et de militaires. A Bouaké, la deuxième ville du pays à 400 km d'Abidjan, les habitants contactés par téléphone étaient toujours inquiets, on entendait depuis le matin des tirs nourris. Un vent de