Abidjan de notre correspondante
«On a cinq fois plus de clients que d'habitude, à chaque tentative de putsch, c'est pareil», déclare en souriant, le responsable d'un grand supermarché d'Abidjan, un peu blasé. Les caddies débordent de boîtes de conserve, de couches, d'eau minérale, de bouteilles de bordeaux. Au cas où la stabilité ne durerait pas dans la capitale économique ivoirienne. Cliente atypique, une Française ne présente à la caisse que deux petits sacs. «Moi je ne stocke pas, je m'en vais, cette fois, c'est le coup de trop.» Ils étaient nombreux, vendredi après-midi, à espérer prendre le vol à destination de Paris. Image de la normalité, les bus de la compagnie publique, vieux engins d'occasion taggés et brinquebalants, ont commencé à sillonner la ville peu après la levée du couvre-feu, à 8 heures. Rappel de la violence de la veille, les camions de la morgue ont fait de même, pour récupérer les cadavres éparpillés un peu partout. Les combats ont fait plusieurs dizaines de morts parmi les forces loyalistes et les assaillants, auxquels s'ajoutent les victimes civiles.
Mutins. Alors que les tirs s'étaient tus depuis longtemps à Abidjan, des habitants de Bouaké et de Korogho, contactés par téléphone continuaient de faire état de combats d'intensité variable. Quant aux mutins, ils disent vouloir, entre autres, «la libération de tous leurs camarades emprisonnés à Abidjan et leur réintégration dans l'armée». «Nous sommes un nombre indéterminé, nous avons reçu des renforts de