Istanbul de notre correspondant
La tentative des autorités turques de mettre hors jeu Recep Tayyip Erdogan, le leader du Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste modéré), donné favori aux élections législatives du 3 novembre, a suscité des protestations sans précédent en Turquie, y compris parmi ses adversaires politiques. «Un pas en arrière sur la voie de l'Europe», titrait hier à la une le quotidien libéral Radikal.
«Indépendance». «Avec de telles initiatives, l'Union européenne ne sera plus qu'un rêve», a lancé Ismail Cem, ancien ministre des Affaires étrangères. L'ex-ministre de la Justice Ikmet Sami Türk souligne «qu'une telle intervention annule presque l'ensemble des réformes réalisées» afin de convaincre les Quinze de fixer en décembre, au sommet de Copenhague, une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion. En revanche, le Premier ministre turc Bulent Ecevit a appelé l'UE à «respecter» la «complète indépendance» de la justice.
Le Haut Conseil électoral avait annoncé vendredi le rejet de plusieurs candidatures et l'inéligibilité de Recep Tayyip Erdogan, 48 ans, dont le parti est crédité de 25 % des suffrages. L'ancien maire d'Istanbul, très populaire, avait été condamné en 1998 à quatre mois de prison pour avoir cité lors d'une manifestation publique les vers d'un poète du début du siècle dernier : «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles sont nos casques et les mosquées nos casernes.» A l'époque, les tribunaux s'étaient appuyés sur l'artic